17 mai 2013

LE PRIVILÈGE D'AVOIR UNE MÈRE...


 
J'avais 7 ans... quand j'ai tué ma mère pour la première fois. Je ne la voulais pas à côté de moi lorsque je suis arrivée à l'école le 1er jour des cours. Je me trouvais assez forte pour affronter les défis que la nouvelle vie allait m'apporter. Peu de semaines après j'ai découvert le soulagement, quand elle était là, prête à me défendre non seulement de ces camarades brutes qui me menaçaient, mais aussi lors des énormes difficultés dans la table de multiplication.
Quand j'ai eu 14 ans... je l'ai tué à nouveau. Je ne voulais pas qu'elle m'impose des règles ou des limites, ni qu'elle m'empêche de vivre la plénitude des envols de la jeunesse. Mais dès ma première ivresse, je l'ai heureusement découverte à nouveau – ce fut lorsqu'elle m'a non seulement guéri de la "gueule de bois", mais aussi a empêché que je porte une honteuse bosse de mon père.
A mes 18 ans... j'ai trouvé que je tuerai ma mère définitivement, sans la chance de ressusciter. J'étais entrée à la faculté, j'allais vivre en république, je ferai la politique étudiante, des activités dans lesquelles la présence maternelle n'allait pas avoir lieu d'être, sans aucune hypothèse. Grosse erreur : lorsque je me suis retrouvée confuse sur quel voie continuer, je suis retournée à la maison maternelle, l'unique espace possible de repère et de compréhension.
A mes 23 ans... je me suis rendu compte que la mort maternelle était possible, à peine à une lenteur requise… Ce fut lorsque je me suis mariée, j'ai dressé le drapeau de l'indépendance et j'ai continué le voyage. Mais il a suffit que ma première fille naisse pour découvrir que la bête "mère" s'est transformée en un spécimen encore plus vigoureux appelée "grand-mère". Pour celle qui n'a pas encore vécu l'expérience, la grand-mère est la mère en double dose…
Malgré tout j'ai continué à croire à la thèse de la mort lente et tardive, et petit à petit je me suis sentie plus distante et autonome, même qu'à intervalles réguliers elle réapparaissait dans ma vie jouant des rôles importants et uniques, des rôles que seulement elle pouvait en être la protagoniste… Mais à la fin de cette histoire, contrairement à ce que j'ai toujours imaginé, ce fut elle qui a défini : lorsque je m'y attendais le moins, elle décida de mourir. Ainsi, sans plus, ni moins, sans demander la permission, sans date fixée ou même une occasion de dire au revoir. Elle est simplement partie, en laissant une leçon que les mères sont pour toujours. Contrairement à ce que j'ai toujours imaginé, se sont elles qui décident combien de temps elles peuvent durer en vie, et combien de temps elles est relégué pour le terrain éthéré du manque…
A. D.
A réfléchir sur le privilège d'avoir une mère, envoyé par la chère Sula Miranda.

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